Je réfléchissais ce soir à ce concept qui me parle beaucoup. « L’enfant intérieur », « la petite fille en soi », « le petit garçon qui se cache sous cette cuirasse ».
Surtout que je suis en quelque sorte restée une petite fille, de par mon comportement décalé de personne autiste, qu’on attribue habituellement aux enfants : spontanéité irrévérencieuse, enthousiasme démesuré, émotions exacerbées, sensorialité déroutante, inhibition lassante ou désinhibition dérangeante, peurs risibles, codes sociaux non acquis, …
Dans mon livre « Mon enfant mon égal », j’espère d’ailleurs moi aussi vous amener à rejoindre votre enfant intérieur, pour qu’il se réveille, vous retrouve, soit enfin écouté et accueilli à sa juste valeur, réconforté, aimé.
On octroie à l’enfant intérieur des qualités que nous aurions perdues une fois grands et il serait de bon ton de le faire resurgir de l’adulte éteint qui cherche le bien-être et l’épanouissement sur son chemin de développement personnel.
C’est étonnant comme cet enfant-là a bonne presse, dans la sphère psy et la pensée commune, alors que les enfants bien réels sont si peu considérés au moment où ils sont enfants.
Quelle ironie !
N’est-ce pas justement cet enfant que la société, les parents, la famille, l’école ont cherché à « éduquer », « élever », en le modelant, le modifiant, le faisant pousser droit sur le tuteur exemplaire de l’adulte parfait ?
N’est-ce pas ce même enfant qui a été contraint de modérer les manifestations de sa joie, de sa simplicité, de sa candeur ?
N’est-ce pas cet enfant qui a été prié de remettre les pieds sur terre quand il rêvait un peu trop, n’est-ce pas lui dont les élans ont été sapés sur l’autel du pragmatisme ?
N’est-ce pas encore lui qui était vu comme un être non abouti, dénué de bon sens, et qui serait peut-être une bonne personne un jour, lorsqu’il aura été mis dans le droit chemin ?
Mais pourquoi alors nous acharnons-nous à vouloir renouer contact avec ce petit diablotin à l’époque si peu apprécié pour qui il était ?
Pourquoi cet être serait-il, une fois adulte, le paradis perdu à rejoindre pour être heureux ?
Pourquoi faudrait-il se reconnecter à ce qu’au contraire tous ont cherché à faire disparaître et que beaucoup s’évertuent encore chaque jour à faire disparaître au fur et à mesure des nouvelles naissances ?
Surtout, pourquoi cet enfant n’a-t-il le droit de vivre que lorsqu’il est emprisonné dans un corps d’adulte ? Que lorsqu’il n’existe plus réellement ?
Je vois vraiment là une contradiction de notre société : tuons l’enfant pour faire naître l’adulte, puis une fois adulte, essayons de ressusciter l’enfant, par toutes sortes de techniques nécessitant l’intervention de thérapeutes spécialisés. Car c’est bien cette même société qui nous incite aux deux actions contraires et qui ne tilte pas sur l’absurdité de la chose.
Nous pourrions peut-être plutôt laisser l’enfant surgir dans toute son essence quand il est enfant, et l’inviter à ne plus jamais nous quitter…
Lise Witzmann.