Regards sur soi-même

J’ai toujours raison ! | La carte du monde #1

8 juillet 2017

[Temps de lecture : 3 mn]

Avez-vous déjà réfléchi à quel point nous pensions différemment les uns des autres ? J’imagine que oui ! Mais en prendre la mesure a été quelque chose de bouleversant pour moi, au travers d’une expérience simple vécue lors de la formation en PNL que j’ai suivie auprès de Stéphane Witzmann il y a déjà quelques années, et qui avait lieu dans une petite ville d’où étaient originaires tous les participants.

L’exercice demandé était le suivant : « Je propose que chacun de vous à tour de rôle m’explique comment aller d’ici jusqu’à la gare. »

Les noms et professions ont été changés pour garder l’anonymat.

Craquinette-Cottelette, jeune femme chef d’entreprise d’une trentaine d’année : « Alors tu roules jusqu’au rond-point, deuxième sortie, puis direction la gare et tu verras indiqué le parking dépose-minute. »

Steven-Son, auteur de nouvelles littéraires : « Tu ouvres la porte, tu descends les deux étages, tu te diriges vers ton véhicule si tu en as un, tu démarres s’il fonctionne car j’ai eu des soucis avec le mien ce matin, tu roules jusqu’au bout de la rue bordée d’arbres au feuillage rouge, tu observes avec prudence le carrefour et ses feux qui ont toujours des problèmes de coordination alors qu’ils ont déjà été réparés plusieurs fois, tu te diriges vers la droite en direction de la fontaine ornée d’un énorme poisson qui crache de l’eau, tu peux la voir de loin, puis tu repères la belle bâtisse à escalier italien et au jardin à la française, tu trouveras la gare juste après le banc sur lequel lisent toujours deux petits vieux adorables. »

Claudio-Pimprenelle, étudiant : « Tu prends la ligne 36 du bus et tu descends à l’arrêt la gare. »

Esther-Keuvrille, mère de famille : « Au troisième passage piétons tu contournes le carrousel de chevaux en bois, et dès que tu vois le magasin JouetPlanète tu fais gaffe c’est deux rues plus loin, juste après le square de jeux d’enfants qui fait l’angle. Tu as de la place pour te garer le long de l’école maternelle. »

Blanche-Coconut, mathématicienne : « Tu empruntes la rue de la Joie Demeure, tu longes le boulevard de la Fiesta Grande, trois rues plus loin tu arrives avenue du Colonel Moutarde, tu tournes en angle droit allée des Bagages Perdus, et tu te gares rue de la gare. »

Reblochon-Pizza, le formateur, bon vivant : « C’est facile, juste après le Mac Do, tu passes devant le kébab puis la boulangerie Payetonsucre, et quand tu vois la pizzeria Veniseàcoupdepagaie, c’est sur la droite. »

Bref, nous avons été bien amusés de constater à quel point chacun utilisait des repères pertinents pour soi-même, avec ses références usuelles quotidiennes en fonction de ses propres habitudes de vie. Une mini-joute s’ensuivit entre celui qui défendait bruyamment sa façon de voir comme étant la plus simple, l’autre la plus directe ou qui la plus précise.

 

Nous avons pu réaliser que chaque personne possède en quelques sorte sa propre « carte du monde » entre les mains, qui est certes une façon de retranscrire le territoire, mais qui n’est pas en elle-même le territoire à proprement parler.

 

Cette carte unique est une vision des choses sur la vie, pas une vérité brute/absolue/indiscutable. Elle permet uniquement une lecture de ce qui m’entoure filtrée au travers de mes codes personnels. Ces codes se sont construits en fonction de mon vécu et de ma personnalité : des émotions du passé ou du présent, des repères selon mes centres d’intérêts, des interprétations des mots liées à mon expérience, mes croyances, ma culture, des interactions avec mon entourage, etc…

Et la réponse à la question : « Qui a raison pour le chemin vers la gare ? » est inévitablement : « Tous ».

 

Oui, il est possible d’avoir tous raison, malgré des points de vue totalement différents. Il y a autant de « cartes du monde » que de personnes vivant sur cette terre, et la vérité n’en est totalement une que pour celui qui l’énonce.

 

Et ces cartes du monde peuvent être à l’origine de nombreux mal-entendus… Ça vous dit quelque chose, ce que vous prenez comme de la mauvaise foi de la part de votre homme quand il affirme : « mais si, j’ai nettoyé le fond de l’évier ! » alors que vous voyez un amas des restes du soir agglutinés sur la bonde… ?

Et l’exagération de votre ado qui s’exclame : « J’ai JAMAIS le droit de RIEN faire ici ! » …Et les disputes entre vos enfants, où il n’y a pas moyen d’entendre la même version : « C’est paaas vrai, j’ai même pas diiiit ça ! Non je l’ai pas tapé, il ment ! » …… ? Haha je sens que vous comprenez de quoi je parle…

Nous allons voir en plusieurs épisodes de cette série « # La carte du monde », en quoi connaître son existence et la respecter peut changer notre relation aux autres. Dès à présent, vous pouvez commencer à observer votre environnement sous ce jour nouveau, et c’est avec plaisir que je lirai vos remarques intéressantes dans les commentaires de cet article !

Lire la suite :

L’autre n’est pas moi | La carte du monde #2

 

Evelyne Mester.

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    1. Merci pour ton commentaire. Ça m’a fait aussi cet effet-là la première fois où j’en ai entendu parler…