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Le mot « écrans », on l’entend partout, et… il me fait peur : je perçois un monstre prêt à surgir et dévorer nos enfants. Je vais même lui mettre une majuscule, tant la personnification de l’objet est frappante : « les Écrans » sont maléfiques, nocifs, tel expert mondial l’a dit.
Ce monstre a frappé chez nous et nous cause bien des tracas.
Quand mon fils aîné a eu son ordinateur vers ses 13 ans, à la maison la vie a changé. Cet enfant qui avait dévoré les deux premiers tomes d’Harry Potter à 6 ans, qui se cachait pour lire la nuit sous sa couette à la lampe de poche, et sautait de joie à ses anniversaires quand il recevait une collection complète de livres reliés, a soudain totalement délaissé les bouquins et s’est vissé sur un siège grinçant, avec pour seul sport la musculation intense de deux doigts de chaque main. Le skate board s’est recyclé en étagère murale et nous avons commencé à oublier le doux visage de l’enfant, ne voyant plus que son dos.
J’aurais pu dire « chouette, ouf ! » car j’étais très inquiète de son addiction totale aux livres, si si, je vous assure : il refusait toujours d’aller se promener, vivait dans un monde imaginaire avec ses héros de romans fantastiques, ne parlait que de ça, quittait la table avec empressement parce qu’il avait été interrompu au milieu d’un chapitre et voulait finir, ne voyait aucun de ses amis.
L’Écran arrivé engendra des disputes violentes pour tenter de contrôler ce qui gonflait gonflait dans notre quotidien à tous les sens du terme jusqu’à devenir l’unique lien (pourri) entre notre fils et nous ses parents.
Nous n’avions alors pas la posture égalitaire qui aurait pu aider toute la famille. Ses stratégies pour détourner les interdictions ou limitations horaires se sont multipliées alimentant le manque mutuel de confiance.
Un jour j’ai décidé de lâcher prise.
Pas par choix éducatif mais par envie de retrouver ma relation avec lui : les Écrans étaient devenus le centre de notre famille, non pas parce que notre jeune homme y passait tout son temps, mais parce qu’ils étaient au cœur de tous les conflits.
Le calme est revenu quand j’ai su entendre ses motivations en détail, et qu’il a su entendre les miennes. Je l’ai laissé tranquille et lui a été attentif à passer plus de temps en famille. Nos relations sont redevenues aimantes. Je me suis relâchée et je l’ai laissé creuser :
s’il apprécie l’ordinateur, c’est qu’il y trouve une grande valeur pour sa vie, et j’ai eu envie de respecter ça même si je ne savais pas où ça allait nous mener.
Quelques années plus tard, maintenant adulte, il passe jour et nuit scotché à de nombreux Écrans dans des pièces sombres : il est devenu monteur audiovisuel professionnel passionné, a validé ses études du même nom et a décroché dans la foulée son premier emploi. Aujourd’hui il crée son entreprise. C’est un jeune homme très débrouillard qui a un réseau de ouf, une petite amie non virtuelle et part même se promener en forêt. Je ne crois pas qu’il ait lu à nouveau, mais il a certainement trouvé mieux pour alimenter son monde intérieur, ses passions, son besoin d’apprentissage, sa créativité intellectuelle.
Qu’aurait-il fait si nous ne l’avions pas laissé explorer suffisamment ? Nous ne le saurons jamais, évidemment. Il serait peut-être tout aussi heureux. Mais je me dis juste que je n’ai pas le droit de décider à sa place de ce qui le rend heureux.
Son frère cadet, lui, s’est toujours totalement désintéressé de toutes sortes d’Écrans, il préférait sortir faire du vélo avec ses potes. Problème réglé.
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Et le petit frère suivant, nous y sommes, à l’heure où j’écris cet article. 10 ans. Moi qui ai refusé les jouets en forme de pistolet à mon aîné qui du coup faisait pan pan avec une branche, cet enfant-là « défonce des terroristes » [attention passage violent] dont les membres explosent sous des giclées de sang. J’avoue mon épouvante et j’ai pourtant choisi de faire confiance à l’adulte geek qui l’y a initié, lui qui a grandi scotché à ces jeux et est pourtant devenu un professionnel de la communication respectueuse, transmetteur de ses outils, actif pour la paix dans le monde et calme au quotidien.
Cette passion de mon enfant pour les jeux vidéos est arrivée au milieu d’un nouveau fonctionnement familial et éducatif que nous avons fait nôtre depuis, suite à nos évolutions personnelles, dont le présupposé est :
L’enfant est un individu à part entière là maintenant, et pas seulement un adulte en devenir. Il sait ce qui est bon pour lui pour peu qu’il y réfléchisse et écoute son instinct, ses envies, ses besoins. Il a le droit de choisir pour lui comme nous choisissons pour nous-même, avec les restrictions des limites des autres face à lui ou de la sécurité immédiate.
Nous vivons et expérimentons ce paradigme au quotidien et nous nous adaptons à chaque fois que la direction que l’on prend ne convient pas à l’un d’entre nous.
Mais pour les jeux vidéos, ça a soudain coincé pour moi.
Car autant je suis arrivée à le laisser manger des pâtes au ketchup à tous les repas de sa vie, autant je suis arrivée à lui laisser sa responsabilité de bavarder en classe même s’il a plein de punitions, autant je suis en voie pour arriver à le laisser décider de son heure de coucher, mais là, le laisser choisir de passer d’innombrables heures par jour sur un ordi et en plus se convaincre que c’est peut-être bon pour lui car c’est ce qui le passionne, demandez-moi plutôt de faire un vol en parapente, ça sera plus facile… … … Bon ben, je l’ai fait. Le vol. Et aussi le laisser jouer à l’ordi à volonté. Là-dessus, je me doute que vous n’êtes pas indifférent. Et la vie est une prise de risques hein, et surtout une succession de tâtonnements.
Responsa-bi-li-té ? Quoi ? Je connais ce mot ? Oui oui je connais. Parce que sinon je ne consacrerais pas une grande partie de ma vie aux recherches et réflexions sur la parentalité.
Oui j’ai entendu dire que ça bousillait les yeux. Et moi je suis myope en ayant grandi sans TV ni ordi, mon compagnon a une vue parfaite malgré son accrotitude-avancée enfantine aux écrans. Je sais, ça ne prouve rien, mais j’aime pas les généralisations, c’est très facile de trouver des contre-exemples. Les écrans actuels ne produisent plus de scintillements contrairement à ceux d’autrefois. On est libre d’imaginer que les stimulations sur le cerveau puissent être par le même coup probablement moindres. Oui on parle de « lumière bleue » nocive, mais vraiment je m’inquiète tout autant des produits dont nos légumes sont imprégnés et que je mets dans les assiettes de ma famille comme si je les empoisonnais, et je m’inquiète tout autant des ondes et des champs électro-magnétiques qui nous entourent : oui je pourrais faire le choix d’agir autrement, et comme certains d’entre vous sans doute, les trous dans le budget bouffe et le besoin impérieux de téléphone portable ne m’ont pas incitée à décider fermement de vivre en toute cohérence. Et comme on ne saura jamais réellement à partir de combien de légumes toxiques on mourra, ni à partir de combien d’heures ou minutes de lumière bleue toxique on perdra la vue, ben on continue quelques prises de risques.
Oui j’ai entendu dire que ça les rendait addicts, « ils » détestent s’arrêter et quand ils n’y jouent pas ils supplient pour y jouer. C’est vital. Ils ne savent plus rien faire d’autre. Ils sont prêts à pleurer et hurler si on les en prive. Je me dis que moi si on décide à ma place de ce que je fais, de quand je le fais et combien de temps je le fais, je vais aussi me mettre à pleurer et hurler. Vous aimez regarder votre show de télé-réalité du lundi ? Schlak, quelqu’un vient d’arrêter parce qu’il a jugé que ce serait meilleur pour votre santé d’aller faire un jogging. Ça va ? Vous vous sentez comment ?
Mon fils au début a montré pas mal d’agressivité lorsqu’il arrêtait l’ordi. Je lui ai dit que cette ambiance n’était pas du tout celle que je souhaitais pour notre famille et demandé ce qu’il pensait qu’on pouvait faire. Je m’attendais à un truc du genre « Oui ok, je vais jouer moins souvent parce que les Écrans m’énervent » (ben quoi, on peut rêver). Pfff que nenni, tel un bien malin négociateur il m’a répondu :
« Laisse-moi te prouver que je peux être calme quand j’éteins l’ordi ! » …
Et il y est arrivé dès le lendemain, et sur le long terme. Ma foi, c’est ce que je souhaitais, retrouver du relâchement et de la bonne entente, et il a trouvé sa solution qui me convenait aussi. Pour moi il a appris à se maîtriser, dans son intérêt et celui de la relation, non pas par obligation, soumis à un autoritarisme, mais par choix.
Est-ce que pour autant il ne serait pas en train de ravaler un profond mal-être dû à l’overdose d’Écrans, et à le taire juste pour pouvoir continuer à jouer aussi souvent qu’avant ? Je l’ai observé, je suis restée attentive à son comportement général. Je l’ai vu heureux de jouer à ce qu’il aime, progresser sur la technique et content de partager son monde imaginaire avec nous dès qu’il quitte le PC.
J’ai pu remarquer que mes enfants n’avaient plus la notion du temps devant les Écrans (pareil pour moi hein), et qu’il pouvait leur arriver d’en oublier parfois leurs besoins physiologiques. A son âge, quand j’avais envie de faire pipi alors que je jouais passionnément dehors avec mes copines, j’attendais tellement « le dernier moment » qu’il m’arrivait de m’oublier un peu dans ma culotte. Et on jouait juste à cache-cache hein. Mais je crois qu’on était aussi dans notre monde, coupées de toute notion du temps, et que ça nous apportait tellement que je ne voulais pas en louper une miette.
Ah oui mais nous jouions à plusieurs, me direz-vous … Les relations amicales, les interactions, la vie en société, toussatoussa … Il y a quelques jours, j’ai entendu des rires provenant du salon, et des sons de voix joyeuses. C’était mon fils qui parlait avec un de ses amis d’école, par Écrans interposés et ils jouaient ensemble au même jeu vidéo, se soutenaient, se donnaient des tuyaux, trop heureux d’être dans la même équipe.
Une autre fois je suis accourue près de lui discrètement, incrédule, l’entendant… parler anglais devant son PC ! Basique hein, du genre « Yes yes ! Let’s go go go ! Ok ! Well done ! » …Quuuuuoiiii ? Lui qui déteste l’anglais ? Il a dû certainement se sentir plus motivé à parler anglais pour avancer de connivence avec un anglophone et destroyer l’équipe adverse, que de répéter sur une année complète d’école « Where’s Brian ? Brian is in the kitchen ! » …ah non pardon, ça c’est mon époque. Certes, il a appris aussi « fuck », et son dérivé « what the fuck », mais bon ça peut toujours servir.
J’ai voulu mieux comprendre en quoi ce jeu vidéo « débile et choquant » avait de l’intérêt pour lui.
Quelle joie pour mon bonhomme quand j’ai accepté de venir le regarder faire, il rêvait de partager ça avec moi.
J’ai avalé bruyamment gorge serrée, et j’ai vu … du sang qui gicle sur les murs, des meurtres, comme prévu, et un petit garçon tendre, son doudou encore posé près de lui, en train de viser à la tête des « mecs » parce que c’est bien plus efficace pour les dégommer. Raaaaaaaaaaaaaaa, j’ai respiré trois fois façon zen, et je lui ai demandé de me raconter ce qu’il ressentait.
Ben là tu vois je sens qu’il y en a un planqué derrière, je vais faire signe à mes collègues, tiens tu vois ils rappliquent, ils vont me couvrir. Allez, j’y vais, PAAAN, ah chouette je l’ai eu [Oh my Goodness I gonna die too], allez du coup j’avance, tiens mon pote m’a fait signe, je dois me méfier ici, je le couvre, il va tenter d’aller poser une bombe. Oh punaise y en a quatre planqués là, TAKATAKATAKATAAAAAK, trop bien je les ai eeeeexplosés [Glurp]. Hop je saute et je passe par là, oui j’ai trouvé un super passage secret ici, je l’ai montré à mes potes. Bon attends je parle plus là parce que je me concentre. Vooooooilààà. C’est bon on a gagné ! Tu veux essayer, Maman ? …[Reglurps]…[euuuuh]…[bon okay].
Et là je me suis sentie con, je n’arrivais même pas à bouger cette punaise d’arme devant moi, ni à me tourner, je me faisais zigouiller à peine je commençais à avancer. Mon fils a pris les commandes du déplacement, moi je n’avais plus qu’à tirer quand je voulais, et c’est là que Mr Hyde a fait son apparition en moi :
-PAAAAN [Sang qui gicle] ! Yeeeees ! Je l’ai eu je l’ai eu ! ! Attends bouge pas, j’en ai vu un qui passe derrière, tu vas voir je vais l’avoir, PAAAN ! Ohhh non mince raté…[Rires de mon fils de me voir « à fond »]……Mais la partie est déjà finie ? Je peux rejouer ? [Poilade de mon fils]
-« Tu vois Maman, ça te plait ! »
Bon ok j’avoue, ça m’a plu, mais ça m’arrache les tripes de le dire, par fierté. Je l’ai dit malgré tout. Voici ce que j’ai ressenti : les quatre premières secondes je voyais de vraies personnes en face de moi, puis très rapidement je n’ai plus vu qu’un jeu, un vrai jeu de cowboys et d’Indiens, de gendarmes et de voleurs, de « trappe-trappe », de chamboule-tout, de pistolets à eau. Il s’agissait juste de courir et se planquer, de ne pas se faire attraper, et d’atteindre des cibles. J’ai fait plusieurs parties, et j’ai eu du mal à m’arrêter.
Ouhhh j’en entends qui crient, pas les joueurs geek, mais vous là, qui lisez. Vous me dites que c’est de la banalisation ? Que ça serait encore plus facile dans la vraie vie de devenir un meurtrier quand on n’a plus d’émotions face à tout ce sang ? J’avais fait part de ma crainte à mon fils, il m’avait regardée droit dans les yeux, avec un sourire amusé :
« Mais enfin Maman, c’est un jeu, je suis pas idiot je sais bien faire la différence, je vais pas tuer des gens dans la rue ! »
Ce jour-là, il a gagné son permis de jouer.
Nous ne pensons pas toujours à entrer un peu dans le monde de l’autre pour découvrir en quoi ça peut être plaisant pour lui, en quoi notre enfant nourrit un vrai besoin en y jouant. Je pense que l’isolement dans lequel peut se replier un jeune plongé dans son monde virtuel pourrait être évité s’il se sentait libre et bien accueilli lorsqu’il partage son intérêt pour son domaine de prédilection, s’il sentait l’ouverture de son entourage, comme nous pourrions le faire naturellement s’il avait la passion des oiseaux ou de la géographie … Nous sommes malheureusement plus souvent tentés de dire à notre jeune geek passionné : « Oh arrête de toujours parler de tes jeux, y a d’autres choses dans la vie ! En plus tu sais que j’aime pas ça ! ».
Certaines questions importantes à se poser pourraient être :
Comment se sent-il quand il joue ? Qu’est-ce que ça lui apporte de bénéfique ? Qu’est-ce qu’il aime précisément dans ce jeu-là ? A quel besoin cela répond-il ? Divertissement /amusement /défi /reconnaissance /estime de soi /puissance /appartenance ? Quelles compétences développe-t-il dans ce jeu, quels sont ses apprentissages ? Sens de l’observation /réflexes /agilité /stratégie /précision /analyse /déduction /anticipation /planification /esprit d’équipe /entraide /etc ?
Ok, mais si mon gamin abuse ? Qu’il joue tout le temps ? Qu’il ne fait plus ses devoirs ? Qu’il ne vient pas manger quand on l’appelle ?
Tout dépend ce qu’on entend, nous, par « abuser ». Il n’y a pas de définition toute prête, à chacun de nous de réfléchir sur soi et de trouver où et comment ça fait écho en négatif à l’intérieur de nous. Investiguer pourquoi ça nous irrite, pourquoi ça nous agace ou horripile. Qu’est-ce qui précisément nous agace ? Est-ce parce que nous ne voyons plus assez souvent notre enfant ? Est-ce parce que nous sommes inquiets pour sa scolarité ou sa santé ? Est-ce parce que nous avons peur d’être de mauvais parents ?
Une fois que cela est bien clair pour nous et que nous avons bien investigué au plus profond de nous, nous pouvons chercher à définir quels besoins ne sont pas satisfaits chez nous-même dans ce contexte :
par exemple pour ma part, j’ai exprimé à mon fils que lorsqu’il joue toute la journée, je me sens triste et seule, car j’ai besoin de partage, de communion, de connexion.
Il m’a entendue et lorsqu’on part en balade, si je lui dis que c’est important pour moi, il choisit de venir. Je suis tellement plus heureuse dans ces cas-là que si j’éteignais brusquement son ordi et que je le forçais à venir en le mettant dans la voiture ! C’est une relation d’échanges volontaires, que je veux construire, pas d’obligations.
Il y a certains défis à relever, par exemple celui de lui proposer des choses à faire tellement fun qu’il y trouvera plus d’intérêt que dans son jeu.
Un défi qui peut être celui de m’atteler à créer un environnement qui lui donnera envie de partager avec moi des moments riches et variés.
Chacun de nous peut chercher avec son enfant un terrain d’entente pour vivre cette situation en mode gagnant-gagnant, en trouvant comment nos besoins peuvent s’articuler avec les siens, afin que tous les protagonistes de la famille puissent être entendus et pris en compte.
J’ai pu remarquer comme mon fils se responsabilise quand je lui laisse sa liberté. Je lui ai dit récemment : « Tu vas recommencer l’école, c’est la rentrée. A quelle heure tu penses te coucher le soir pour être en forme ? » J’avais en tête 22h, il a réfléchi et répondu : 21h ! Bon ben très bien, c’est noté pour cette heure-là, héhé. Pour l’organisation des Écrans, souvent, nous parents, avons tendance à imposer un fonctionnement : « Tu joues une heure et c’est tout ». Les frustrations s’ensuivent, les oppositions, les rebellions et les contournements d’interdictions.
Pour moi c’est primordial que l’enfant puisse exprimer ce dont il a envie et sache qu’on prendra le temps qu’il faut pour voir si ça colle avec les envies des autres membres de la famille, ou avec les obligations diverses de la vie courante. Pourquoi n’y aurait-il pas droit alors qu’il est lui-même un membre de cette dite famille ? … Qu’il sache qu’il a sa vraie place dans la famille et non pas un « petit bout s’il en reste »…
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Bref, à mon sens, l’enfant est peu en danger si la relation avec sa famille est toujours là, le lien aussi, dans une ambiance d’ouverture à l’autre, et de vigilance, plutôt que de volonté d’imposer.
Car il y a toujours moyen de discuter de quelque chose qui ne convient pas, et de s’adapter. C’est un défi d’équilibre dans la relation familiale, chacun se doit d’être très attentif à ses propres besoins, de savoir les identifier, les exprimer, les respecter et les faire respecter.
Pour moi la relation passe avant tout ; la complicité, la joie, sont autant de trésors que je ne sacrifierais pas à la science, puisse-t-elle me prouver copieusement ci ou ça, pour l’infirmer quelques années plus tard suite à de nouvelles études.
Qui, à notre époque ne va pas être amené à travailler de looongues heures devant un Écran pour le boulot par exemple ? On peut essayer de continuer à l’évincer de nos vies, ou décider de prendre en compte cet élément car on va avoir à « faire avec », pour la plupart d’entre nous.
Il peut être utile de réfléchir comment intégrer les écrans au mieux dans nos vies, sans les diaboliser, en priorisant la curiosité, la découverte, le réajustement de la liberté de chacun, l’écoute et la relation paisible en famille.
EDIT novembre 2018 (11 ans et demi) :
L’autre jour, notre « joueur sans pitié » m’a dit qu’il détestait les armes, que ça ne devrait pas exister, que c’était inadmissible de décider de la mort de quelqu’un ainsi. Je lui ai donc dit « c’est bizarre, toi qui pourtant joues à ça tout le temps »…. il m’a répondu « mais maman, c’est un JEU ! ! En vrai j’aimerais même pas voir une arme de près, beurk ! » Depuis, je sais que j’ai un enfant passionné par les jeux vidéos de guerre et qui est antimilitariste et pacifiste et n’écrase pas même un insecte parce que « le pauuuvre » !
EDIT février 2023 (presque 16 ans) :
Notre fils a reçu un diagnostique d’autisme à 13 ans. Il faut savoir que les autistes ont des centres d’intérêt spécifiques, cela fait partie de leurs caractéristiques : des passions prenantes, considérées comme envahissantes (lire à ce sujet, mon article rassurant ICI ). Et il arrive souvent qu’un enfant qui se passionne pour les jeux vidéos soit neuroatypique, là où on imagine que la neuroatypie a été causée par les jeux vidéos.
A lire : Interview d’Alexandre Astier, acteur, scénariste, et scientifique érudit, qui nous parle de ses choix parentaux à propos des jeux vidéos.
Article citant des références scientifiques :
« Jeux vidéos : quels bienfaits pour la santé ? »
Deux ans après cet article, en voici un nouveau sur le même thème, qui pourrait vous intéresser : Les écrans, un obstacle à la relation ?
Vous pouvez aussi voir mes deux vidéos rapides :
-Mon ado ? Rien ne l’intéresse !
-Et si les écrans servaient de nounou ponctuelle ?
Ainsi que cette interview : -Les jeux vidéos rendent-ils violent ?
Evelyne Mester.